Passoires thermiques : un casse-tête même l’été

Publié le 01 Août 2023

horloge Lecture de 4 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Maeva FLORICOURT

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Chaque été, avec l’arrivée des premiers épisodes caniculaires, la même difficulté apparaît pour les propriétaires de passoires thermiques : comment maintenir une température confortable à l’intérieur de son logement ? Dans son dernier rapport, la Fondation Abbé Pierre met en exergue cette précarité énergétique estivale en la considérant comme une nouvelle forme de mal-logement. Ce rapport est également force de proposition et détaille toute une série de mesures visant à améliorer cette situation de plus en plus problématique. Si le changement climatique est, en effet, un des grands défis de notre siècle, un de ses objectifs à moyen terme est la rénovation énergétique globale de nos habitations et bâtiments.

La précarité énergétique ne s’arrête pas l’été

Pas de repos pour les passoires thermiques ! L’hiver, elles peinent à maintenir la chaleur et l’été elles se transforment en sauna. Dans son rapport publié en juin dernier, la Fondation Abbé Pierre rapporte que 59 % des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2022, soit 8 points de plus par rapport à 2020.

« En été, les passoires énergétiques se transforment en véritables bouilloires. Or, la précarité énergétique est encore largement associée au ressenti du froid dans son logement et trop peu à l’inhabitabilité liée aux pics de chaleur. »

La Fondation Abbé Pierre

Dans ce même rapport, la Fondation associe la précarité énergétique d’été à une nouvelle forme de mal-logement. Un fléau présent principalement dans les appartements situés en ville et chez les locataires. Si les difficultés à maintenir une température confortable à l’intérieur de son logement ne sont pas un phénomène nouveau, les épisodes caniculaires, quant à eux, se multiplient. 

L’été 2022 a connu un taux de mortalité sans précédent depuis 2003 avec plus de 2800 décès recensés. Cependant, même en dehors des périodes de canicule, l’excès de chaleur expose toujours à des risques sanitaires significatifs. Le confort d’été est un enjeu qu’il devient impératif de prendre en compte.

Le confort d’été pour les passoires thermiques : une réglementation encore timide

La tâche est immense et pourtant, les pas du Gouvernement sont chevrotants. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé, en ce début de période caniculaire, une mesure importante : le déblocage à tout moment des plans épargne logement (PEL) pour financer des travaux. À noter que ce déblocage se limitait auparavant à l’acquisition d’un logement et sous un délai de 4 ans.

Mesure symbolique, peut être, mais insuffisante. De nombreux professionnels de l’immobilier sont, en effet, dans l’attente d’avancées significatives et notamment des ajustements de la loi Climat et Résilience. Des changements, qui, selon eux, accéléreraient les progrès et soulageraient en particulier les propriétaires bailleurs, contribuant ainsi à atténuer la hausse constante des tensions locatives. Les acteurs du logement sont nombreux à s’engager dans cette direction et tentent de convaincre les autorités de revoir certains points sensibles de cette loi.

Les limites des dispositifs en vigueur

Des isolations peu performantes, une mauvaise exposition ou encore une absence de volets ou de protections solaires, certaines passoires thermiques sont invivables en période estivale. La Fondation Abbé Pierre suggère d’ailleurs d’intégrer systématiquement l’ajout de protections solaires dans le listing des projets de rénovation globale en copropriété, au même titre que le ravalement de façade ou la rénovation de la toiture.

Dans son rapport, elle pointe du doigt certaines limites de MaPrimeRénov’ et propose d’étendre les subventions du dispositif (MaPrimeRénov’ et MaPrimeRenov’ Sérénité) et l’application d’un taux de TVA réduit de 5,5 %, à l’installation de : 

  • Protections solaires fixes, 
  • Occultants, 
  • Brasseurs d’air fixes, 
  • Revêtements réfléchissants ou de végétalisation pour la toiture.

Le DPE affiche aussi ses limites en n’incluant pas le caractère obligatoire du confort d’été sur l’étiquette énergétique d’un logement. En suggérant cette évolution, la Fondation espère que ce confort d’été devienne bien plus qu’une estimation facultative.

L’évolution des politiques d’urbanisme est inévitable

Obstacle supplémentaire, les normes de préservation du patrimoine restreignent l’installation de protections solaires sur les façades des immeubles situés dans des zones historiques, notamment. Selon la mairie de Paris, environ 30 % des projets de rénovation énergétique sont bloqués ou abandonnés en raison des décisions des Architectes des bâtiments de France. 

La Fondation illustre ce constat par l’exemple de cet immeuble situé rue Ernestine, dans le 18e arrondissement de Paris, datant de la fin du XIXe siècle et construit en pierre et en brique. Bien qu’il ait été isolé en 2022, sa rénovation reste incomplète. L’installation de volets y est, en effet, impossible en raison de sa proximité avec des monuments historiques.

Il devient impératif de mettre à jour les règles et normes de protection du patrimoine, notamment afin de faciliter l’installation de volets et de stores. Si l’intention n’est pas de défigurer le patrimoine français, l’objectif est plutôt de trouver une approche acceptable qui allierait harmonie esthétique et confort pour les habitants de ces passoires thermiques. Avec l’augmentation des prix de l’immobilier qui pousse les ménages à vivre dans des espaces plus restreints, y compris des combles non isolés, il semblerait que l’ensemble de ces recommandations relèvent du bon sens.

30 %

Taux de projets de rénovation parisiens freinés sur décision des Architectes des bâtiments de France.

En résumé

  • Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, 59 % des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2022 ;
  • La précarité énergétique en été est une nouvelle forme de mal-logement, selon la Fondation ;
  • Le ministre de l’Économie a élargi les conditions de déblocage du PEL au financement des travaux de rénovation ;
  • Les acteurs du Logement sont nombreux à demander une évolution de la loi Climat et Résilience ;
  • 30 % des projets de rénovation énergétique parisiens sont freinés par les Architectes des bâtiments de France. La nécessité d’une mise à jour des politiques d’urbanisme devient urgente.

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Maeva FLORICOURT

RÉDACTRICE WEB, SPÉCIALISÉE EN ÉCONOMIE, FINANCE ET GESTION DE PATRIMOINE

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