Le « shadow banking », l’autre facette de la finance

Publié le 10 Fév 2020

horloge Lecture de 4 min.

Rédigé par Julie François

Thématique : Actualités

Le « shadow banking », l’autre facette de la finance

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Le « shadow banking » serait en perte de vitesse, selon le dernier rapport de Conseil de stabilité financière (FSB). Ce terme, qui regroupe les activités financières réalisées en-dehors du système bancaire classique, pèse aujourd’hui 50.900 milliards de dollars dans le monde. Petit point sur cette facette méconnue du système financier.

Le « shadow banking », le côté pas si obscur de la finance

Le « shadow banking », parfois appelé « finance de l’ombre » ou la « finance fantôme », n’a rien d’illégal ou d’occulte. Il s’agit d’un système parallèle au système bancaire. Concrètement, ce terme regroupe les entités et activités qui agissent comme intermédiaires hors du système bancaire classique, mais qui participent au financement de l’économie. Ce système parallèle est puissant et prend des formes multiples. Ces dernières décennies, son poids, dans le système économique, n’a cessé de croître.

Source : Les Echos/FSB

Parmi les principaux acteurs de la « finance de l’ombre », on retrouve des structures bien connues comme les banques d’affaires, les hedge funds, les fonds monétaires, les fonds de pension et les fonds épargnes de l’assurance-vie ou encore les fonds négociés en Bourse, mais également les sociétés de garantie de crédit, les trusts de gestion d’actifs ou encore les entreprises de capital-investissement. À la différence des banques traditionnelles, ces entités ne fonctionnent pas sur des dépôts des gens, mais sur le crédit. De ce fait, elles ne sont pas soumises à la réglementation bancaire traditionnelle.

La « finance de l’ombre » : une place toujours plus grande

Si le dernier rapport FSB concernant la croissance du « shadow banking » fait part d’une légère baisse de régime, la finance non-bancaire, au sens large du terme, ne cesse de prospérer et représenterait actuellement 48 % des actifs financiers mondiaux. Les établissements non-bancaires, malgré leur opacité, jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale.

50 900 milliards de dollars

C’est le poids du shadow banking dans l’économie mondiale en 2018 selon le dernier rapport du Conseil de stabilité financière.

Depuis neuf ans, le FSB, émanation du G20, tente à travers des rapports annuels de dresser le portrait de la « finance de l’ombre ». La Chine est le poids lourd du « shadow banking », suivie par les Iles Caïman, l’Irlande et le Luxembourg. À eux seuls, ces pays hébergent deux tiers de la finance de l’ombre.

À noter, les chiffres du FSB ne prennent pas en compte ce qu’on appelle les centres financiers offshore, c’est-à-dire les paradis fiscaux.

Parallèle mais indispensable au système

La difficulté de mesurer et saisir les données permettant de mieux appréhender ce système parallèle réside dans le fait que la définition même de « shadow banking », ainsi que ses activités et ses acteurs restent flous. Étant un pendant du système financier actuel, il s’adosse au système bancaire traditionnel. Ainsi, tracer la limite entre la partie réglementée et celle qui ne l’est pas est difficile. En effet, la finance de l’ombre s’est développée pour répondre à des besoins et des contraintes des investisseurs et des emprunteurs dans le système bancaire traditionnel. Il existe donc une interdépendance entre le système bancaire et le « shadow banking » permettant de boucler la boucle crédit-consommation-croissance, à la base même du modèle économique capitaliste.

Cette interaction est l’une des causes principales de la crise des subprimes en 2007. En effet, les banques traditionnelles transforment les créances dites « à risques » de ses clients en titres financiers, ces derniers sont notées en fonction du niveau de risque puis vendus à des investisseurs, acteurs du shadow banking. Mais lorsque un maillon de la chaîne casse, tout le système tombe. En 2007, la hausse des taux a provoqué le non-remboursement de nombreuses créances, ce qui s’est répercuté sur les titres financiers et a paralysé tout le marché mondial.

Le « shadow banking » : bonne ou mauvaise pratique ?

Bien que ce système soit fonctionnel, il n’est pas infaillible. Si la finance de l’ombre se développe autant, c’est que le marché financier s’appuie de plus en plus sur la titrisation pour mieux couvrir les risques liés aux variations des taux et du change. Mais ces montages financiers complexes sont aussi spéculatifs et donc risqués. Le paradoxe va encore plus loin. À chaque crise financière, des mesures visant à mieux réglementer les banques voient le jour afin de s’assurer de la solvabilité et de la liquidité des établissements. En multipliant les règles, le système réduit la marge de manœuvre des banques ainsi que leur rentabilité. Conséquence directe, les banques contournent le système en misant davantage sur son homologue de l’ombre non-réglementée.

Le risque majeur de ces pratiques réside dans le poids toujours plus important du shadow banking, car l’interdépendance rend le fonctionnement systémique : si la finance de l’ombre tombe, le système bancaire traditionnel tombe avec. Sans réglementation et sans supervision, il est presque impossible d’anticiper les réactions de cette facette de la finance. Le FMI a souligné dans son rapport sur la stabilité financière en 2014, que le « shadow banking » se développait davantage en période de taux bas, lorsque les investisseurs cherchent de plus gros rendements et quand la régulation bancaire se durcit.

La période actuelle est donc plus que jamais propice au développement de la finance de l’ombre. Cependant, certains experts avertissent sur le fait qu’une éventuelle régulation trop directe et trop dure du shadow banking pourrait avoir des conséquences néfastes sur le système, notamment l’apparition d’un « shadow shadow banking ». Pour le moment, le FSB appelle seulement à l’amélioration de la transparence de ce marché afin de mieux saisir le détenteur final des risques.

En résumé

  • Le « shadow banking » est un système parallèle qui vient s’appuyer sur le système bancaire classique. Il permet la régulation de ce dernier.
  • Bien que son fonctionnement soit très opaque, le « shadow banking » est indispensable dans notre économie actuelle.
  • La « finance de l’ombre » pèse de plus en plus dans le système financier actuel. Elle est souvent pointée du doigt car, non-réglementée, elle passe outre les mesures de régulation.
  • Les experts appellent à la prudence et plaident pour une amélioration de la transparence du système.

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Julie François

Rédactrice spécialisée en gestion de patrimoine, économie, finances

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