Guerre en Ukraine : notre épargne est-elle menacée ?

Publié le 14 Mar 2022

Rédigé par Elodie Fuentes

Finance

Après avoir traversé l’épreuve de la crise sanitaire, le marché boursier est à nouveau secoué par la Guerre en Ukraine. Mis à rude épreuve par les sanctions économiques prises contre la Russie, doublées d’une inflation grandissante, l’heure n’est pas à la panique mais à la raison. Découvrez les solutions proposées par les spécialistes financiers pour placer son argent en temps de crise et appréhender les marées boursières.

En bref

À l’heure où la barre des 3 % est franchie du côté de l’inflation, et où le CAC 40 bascule tête baissée à -11 % depuis le début de l’année, les marchés boursiers sont bousculés et doivent faire preuve de stratégie fine pour pérenniser les investissements des Français. Même si la guerre en Ukraine touche la quasi totalité des classes d’actifs, certains placements et valeurs perdurent et continuent d’afficher des niveaux de collecte impressionnants. C’est le cas de l’assurance-vie et des livrets, mais aussi de segments de marché opportunistes tels que l’énergie ou l’or. L’engouement pour la pierre n’a quant à lui pas pris une ride, et continue de gagner la confiance des investisseurs en temps de crise. 

Quelles sont les classes d’actifs les plus touchées ?

L’effondrement des valeurs russes, doublé d’une tendance haussière de l’inflation enforcée par la guerre en Ukraine, touche en plein cœur les marchés financiers. La tête à peine sortie de l’eau, suite à la déferlante économique qui s’est abattue dans le monde entier au lendemain de la crise sanitaire, la bourse est à nouveau éprouvée. Les spécialistes de la finance s’accordent à dire que toutes les classes d’actifs sont touchées par la guerre en Ukraine. Les sanctions internationales prises contre la Russie annoncées le 24 février dernier par le G7 ont provoqué un étranglement des fonds spécialisés sur les actions russes, et ce, tous secteurs confondus, pour toutes les catégories d’actions. Une tendance baissière déjà amorcée en début d’année qui suit sa courbe descendante depuis le conflit ukrainien. Malgré une anticipation difficile, les économistes pointent du doigt les chiffres boursiers en baisse, avec une chute de -7 % pour les fonds action France depuis ce début d’année, – 12,52 % pour les fonds actions zone Euro et -9,42 % pour les fonds actions zones Etats-Unis, – 10,41 % pour les fonds actions Monde. Une lueur d’espoir semble se profiler toutefois pour les gestions flexibles, pour lesquelles les répercutions sont plus timorées, si nous nous référons à la baisse de – 4,03 % des Allocations Flexibles Prudent Europe. La bourse opère donc une résistance surprenante d’après les spécialistes, évoluant dans un contexte macroéconomique solide. 

Une question perdure néanmoins dans ce nuage prévisionnel du marché boursier. Quelles menaces planent sur les épargnants alors que la guerre en Ukraine continue de gagner du terrain ? Et faut-il craindre un effondrement de la bourse en ces temps troublés ? La flambée des prix des matières premières constitue une menace récessive incontournable, qui pourrait à court ou moyen terme, avoir des conséquences importantes sur l’Économie mondiale.

Les marchés obligataires moins impactés

Considéré comme l’un des placements boursiers les plus sûrs, le marché obligataire garde le cap sur sa lignée protectrice. Depuis son premier coup de chaud fin janvier dernier, avec le passage du taux du 10 ans Allemand au-dessus de la barre symbolique des 0 %, le bund s’installe en territoire positif (0,28%). Avec une perte modérée évaluée depuis le début de l’année à -3,91% pour les obligations Monde diversifiées et -3,59% pour les obligations Euro diversifiées, les classes d’actifs obligataires s’accrochent à leur réputation de placement moins risqué face aux actions.

Source Quantalys

Le chiffre clé

– 11 %

Pour les fonds actions France

Le chiffre clé

– 9,42 %

Pour les fonds actions États-Unis

Le chiffre clé

– 9,42 %

Pour les fonds actions Monde

Le chiffre clé

– 12,52 %

Pour les fonds actions zone Euro

Source Quantalys

L’assurance-vie et les livrets, le roc des épargnants

La volatilité des marchés boursiers accroît l’engouement pour le placement en assurance-vie. La stabilité des fonds euros due à la garantie en capital et une baisse de leur rendement particulièrement lente rassure. Augmenter les taux de façon brutale pâtirait aux compagnies d’assurance et accélérerait le ralentissement économique. C’est pourquoi la BCE a tout intérêt à encadrer la remontée des taux en douceur.
Sans grande surprise, sur un air de déjà vu, les livrets et les comptes courants sont les points d’ancrage en ce début de conflit ukrainien. Ce phénomène, observé durant la crise du Covid 19, durant laquelle les Français chérissaient leurs épargnes, s’installe à nouveau dans leurs habitudes. Malgré une rémunération faible, les livrets d’épargne demeurent dans les mentalités comme de véritables boucliers protecteurs face aux incertitudes. Plus vrai que jamais, l’expression « Le cash est roi« , est un phare dans la nuit des marchés bousculés, sur lequel les épargnants pourront compter pour pallier à l’augmentation du niveau de vie annoncé.

Attention à la ruée vers le cash

Réflexe, instinct de survie ou pratiques ancestrales, retirer des sommes d’argent inhabituelles en temps de crise est une pratique qui perdure. Toutefois, l’exposition directe des banques françaises à la Russie ne semble pas constituer un risque systémique pour celles-ci (source : BRI). Or, les banques françaises ont très peu de liens avec l’économie russe et leur solvabilité n’est pas en danger, donc inutile de se précipiter sur les bornes de retrait !

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Avoir les bons réflexes et ne pas se précipiter

Même si à ce jour le marché économique est perturbé face à la fluctuation des valeurs boursières, l’histoire (pas si lointaine avec la crise sanitaire) et les indicateurs, poussent les spécialistes à clamer la prudence face à la précipitation des marchés européens. La situation se distingue de celle connue durant les premiers mois de la crise du Covid 19, où l’Économie mondiale fut à l’arrêt. Les marchés ayant déjà lâché entre 10 et 15 % n’ont pas de raison de chuter brutalement dans un paysage macroéconomique robuste, sans compter sur les bons indicateurs PMI (Purchasing Manager’s Index). Le scénario d’une guerre ukrainienne localisée et la surveillance de l’OTAN, renforcent l’état d’esprit positif des acteurs en bourse. De plus, la perspective d’une Chine soucieuse d’une reprise économique vitale pour son modèle, nourrit cette lueur d’espoir. 

Quels secteurs boursiers privilégier durant la crise ukrainienne ?

Si l’heure n’est pas à l’affolement, certaines opportunités d’achat sont préférables à d’autres. À ce jour, les secteurs risquant d’être le plus lésés par l’impact économique de la guerre en Ukraine, sont probablement ceux provenant du secteur automobile, bancaire ou encore touristique. Ces mêmes grands « gagnants » des suites de la crise du Covid 19, subissent une tendance baissière importante auprès des marchés boursiers, comme Stellantis (constructeur automobile mondial) dont l’action en bourse a reculé de -16% depuis début mars.

Les télécoms et les utilities (production, commercialisation et distribution de l’électricité du gaz et du traitement de l’eau) quant à eux, semblent encaisser le choc des répercussions de la guerre en Ukraine. Dans une stratégie purement opportuniste, un arbitrage pourrait être envisagé du côté des secteurs liés à la Défense ou encore des matières premières. L’arbitrage serait donc plus pertinent à opérer du côté des secteurs de la Défense, ou encore des matières premières.

La chute du CAC 40 doit-elle inquiéter ?

Avec un CAC 40 qui chute à -11% et l’annonce de l’embargo américain sur le pétrole Russe enlisant la situation, les investisseurs s’interrogent sur la durée de cette tendance baissière. Les mouvements des marchés engendrent indéniablement des vagues de ventes, signe de la capitulation d’une partie des marchés. Les experts se rejoignent à dire qu’il ne faut nullement se précipiter sur la vente des actions en bourse. Tous abondent dans le sens de la prudence et non de la précipitation, examinant attentivement les scénarios de guerre envisagés, tout en gardant fortement à l’esprit le rebond opéré sur les marchés boursiers quelques mois après le début de la crise du Covid 19. Certes, la montée de l’inflation aura un impact considérable sur l’économie, mais l’effet de modération est très attendu par les spécialités, comme l’effet déflationniste.

En attendant l’accalmie, beaucoup pourront se saisir de la crise pour sauter sur des opportunités boursières dont les actions baisses, tout en continuant d’appliquer la sacro-sainte recommandation de stratégie de diversification des actifs pour protéger son portefeuille.

La vente de l’intégralité des actifs est contreproductive

Se ruer sur la vente des actions qui baissent n’est, semble-t-il, pas la meilleure des options en ces temps de crise. En démontre l’exemple récent de la hausse du marché boursier après l’amorce de la crise sanitaire, dont le cours est revenu à la normale quelques mois plus tard. Le risque est de vendre son portefeuille d’actifs sur l’un des points les plus bas du marché et de se retrouver quelques semaines plus tard au pas de course….

Hausse de l’inflation : opter pour les meilleurs placements

Amorcée par la crise sanitaire, la montée de l’inflation s’installe et s’accroît depuis la guerre en Ukraine. Quand, en janvier 2022, l’inflation est affichée à 2,9 % en France, elle s’emballe au mois de mars, flirtant de plus en plus avec les 4 %. Et les prévisions météorologiques ne sont pas au vert, poussées par la montée des prix des matières premières dont l’approvisionnement d’une partie d’entre elles comme le gaz, le pétrole et le charbon sont produites par la Russie. Les regards se tournent aussi vers la production de blé, dont la moitié de la production russe est destinée à l’Europe. Alors dans ce contexte perturbant, dont la visibilité à court, moyen, et même long terme est ébranlée par la guerre en Ukraine, quels sont les meilleurs placements contre l’inflation ?

L’investissement dans l’or, cher aux Français

Ancré dans les esprits en France, l’or est une valeur refuge en temps de crise. Une tendance baissière des marchés actions, comme nous pouvons le vivre actuellement, favorise la remontée du cours de l’or. Là encore, il ne faut pas voyager bien loin dans le temps pour apprécier la hausse de la valeur de l’or provoquée par la crise du Covid 19. Placer son argent dans l’or physique ou les valeurs liées au cours de l’or, dépend de la stratégie adoptée par l’épargnant, souhaitant investir à court ou long terme. Bien que profitant de l’incertitude qui règne en maître en temps de crise, l’or reste un placement peu rémunérateur sur le long terme. C’est pourquoi il est généralement conseillé de n’investir que 5 % de la totalité de son patrimoine en or, et ainsi d’appliquer l’adage phare des investisseurs qui est de « ne pas placer tous ses œufs dans le même panier ».

Cap sur les stock picking

Consistant à choisir les valeurs boursières les plus performantes du marché et sous valorisées au regard des profils qu’elles pourraient générer sur le long terme, le stock picking joue un rôle inévitable dans le placement en temps de crise et de montée inflationniste. L’achat de sociétés pétrolières qui se désengagent de leur actifs russes comme Repsol ou Eni suscite l’intérêt des gestionnaires d’actifs. En période d’inflation, c’est aussi le cas pour les valeurs boursières dans le secteur du luxe, disposant d’un important « picking power ». Les attentions se tournent aussi du côté des GAFA telles que Google ou Apple, aux reins solides, leur permettant de répercuter la hausse de leurs inputs sur leurs produits.

Sans grande surprise, les stocks pickers écartent les valeurs bancaires exposées au front des sanctions économiques contre la Russie (la Société Générale chute en bourse de – 26 % entre le 23 février et le 1er mars).

Le placement dans l’immobilier perdure

Indétrônable dans le paysage de l’investissement, l’immobilier demeure, et ce, même en temps de crise, une valeur refuge pour la majorité des Français. Accessible à crédit, l’investissement locatif reste un des seuls placements possible par endettement. L’achat d’immobilier locatif et/ou l’acquisition de parts de SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) permettent à la majorité des investisseurs de se constituer un patrimoine durable et rentable. De plus, l’immobilier locatif constitue une excellente protection face à l’inflation puisque les baux sont indexés sur l’IRL (indice de référence des loyers) qui sert de base à la révision des loyers. L’inflation faisant baisser les taux offre l’opportunité de réduire l’endettement qui pèse sur l’investissement immobilier.

Rechercher Zoom sur LES SCPI

La Société Civile de Placement Immobilier (SCPI) est un véhicule d’investissement immobilier, permettant aux investisseurs d’acquérir des parts dans des biens locatifs entièrement gérés par la société de gestion. Les bénéfices sont reversés aux propriétaires au prorata du nombre de parts détenues dans les SCPI. Placement immobilier sur le long terme, la SCPI permet de réaliser des placements dans des secteurs d’activités et géographiques variés, comme les SCPI de bureaux, de commerces, de logement, de logistique, etc.

Concernant le choix des SCPI vers lesquelles se tourner, là encore, le secteur des bureaux dans les métropoles attractives est une bonne piste d’investissement. Les SCPI dans les secteurs de la santé et de l’éducation ne sont pas à bouder non plus, un secteur d’activité des secteurs d’activité très résilients en période de turbulences, au rebond spectaculaire depuis la fin des restrictions sanitaires.

Enfin, suite aux annonces gouvernementales impulsant les échéances de rénovation obligatoires pour les propriétaires de biens loués en France, l’investissement locatif neuf semble gagner du terrain. Il permet d’assurer la stabilité financière des propriétaires dans le logement neuf dans les années à venir, contre la pierre dans l’ancien qui devra se plier aux nouvelles normes thermiques en vigueur pour rester sur le marché locatif, engendrant de lourds travaux pour les propriétaires.

L’AVIS DE L’EXPERT
Tommy Pierre Pollet, Responsable Offre Financière chez Selexium

 À ce stade, il demeure très compliqué d’anticiper ce qui se passera dans les prochains mois. Une chose est certaine, l’envolée du prix des matières premières accélère encore un peu plus une inflation déjà vigoureuse et peut générer à terme un effet récessif sur l’Economie mondiale. Dans ce contexte incertain, certaines solutions d’investissement peuvent constituer des options de sécurisation judicieuses comme l’immobilier locatif sous ses multiples formes par exemple. 

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