Départ à la retraite à 64 ans : devez-vous ouvrir un PER ?

Publié le 07 Mar 2023

horloge Lecture de 5 min.

Rédigé par Emilie Gardes

Thématique : Actualités

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Le principal axe de la réforme 2023 concerne le décalage de l’âge légal de départ en retraite, de 62 ans à 64 ans. Si le texte est voté en l’état par le Parlement, ce report de 2 ans aura-t-il des conséquences sur le Plan Epargne Retraite ? Le PER gagnera-t-il en intérêt ou en perdra-t-il ? Est-il recommandé d’en souscrire un ? Réponses.

2 ans de cotisations PER supplémentaires

Après avoir été débattu à l’Assemblée nationale, le projet de réforme des retraites 2023 est désormais devant le Sénat. Très controversé, le texte ne remporte pas la faveur de tous les parlementaires. Et encore moins de tous les Français. Parmi les mesures que la refonte introduit, une en particulier crée de notables dissensions : le report de l’âge légal de départ en retraite de 62 ans à 64 ans. Dans le détail, le recul de 2 ans serait progressif pour aboutir réellement à 64 ans en 2030.

Observons à la loupe les conséquences que pourraient engendrer ce décalage sur l’épargne retraite. Premièrement, la possibilité de débloquer son PER (Plan d’Epargne Retraite) va s’en retrouver automatiquement allongée jusqu’au départ en retraite du titulaire. Cela permettra avantageusement au détenteur du contrat de profiter de l‘attrayant cadre fiscal du PER 2 ans de plus. En outre, il bénéficiera également de 2 années supplémentaires pour effectuer des versements dessus. Le solde, à liquider sous forme de rente ou de capital, sera donc plus important.

À savoir

Aujourd’hui, l’âge moyen d’ouverture d’un PER est estimé à 58 ans, mais le rajeunissement des souscripteurs commence à se démontrer, grâce à la possibilité de débloquer son épargne retraite par anticipation pour acheter sa résidence principale.

Pour les travailleurs répondant au dispositif carrières longues, qui pourront partir en retraite avant 64 ans, le déblocage du PER pourra évidemment se dérouler plus tôt. La réforme des retraites ne devrait donc avoir aucun impact sur leur épargne retraite.

73 milliards €

Selon les derniers chiffres dévoilés par France Assureurs en février 2023, 6,5 millions d’individus avaient souscrit un PER à fin septembre 2022. L’encours total était alors de 73 milliards d’euros, majoritairement composé par le transfert d’anciens contrats. Pour comparaison, l’encours de l’assurance-vie se situe, lui, à 1 840 milliards d’euros.

Vers une démocratisation du PER ?

Depuis son entrée en vigueur en 2019, le PER est majoritairement souscrit par des cadres et des cadres supérieurs. En effet, selon une enquête sur la composition du patrimoine des ménages français réalisée en 2022 par l’Insee, 34,1 % des cadres et 48,9 % des professions libérales possédaient un produit d’épargne retraite en 2021. En revanche, seulement 12 % des ouvriers et 10 % des employés en détenaient un.

Avec un report de 2 ans de l’âge légal de départ en retraite et des mesures encore floues sur le maintien à l’emploi des seniors, l’inactivité des aînés risque d’augmenter. Selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) qui dépend du ministère du Travail, en 2021, 19,7 % des personnes âgées de 55 ans étaient inactives sans être encore retraitées ou au chômage. La proportion passe à 28,8 % pour les personnes âgées de 60 ans.

Face à ce postulat, le PER va-t-il se démocratiser ? En effet, la fin de droits chômage ou la cessation d’activité pour les non salariés (liquidation judiciaire) sont des causes légales de déblocage anticipé de son épargne retraite. Ainsi, par crainte de voir le taux de chômage des seniors grossir, certains actifs pourraient être tentés de miser sur le PER pour se sécuriser. Inversement, d’autres travailleurs pourraient plutôt faire le choix de garder leurs économies disponibles en cas de besoin immédiat.

« Ce questionnement est intéressant. Je pense qu’un changement culturel va progressivement s’opérer en entreprise afin d’améliorer le taux d’emploi des séniors. En attendant, il n’est pas sûr que cette peur du chômage en fin de carrière trouve sa réponse dans l’épargne retraite, qui reste portée par des préoccupations structurelles. Mais d’autres placements pourraient être mobilisés à cet effet, comme l’assurance-vie, ou des produits de court terme associés à la précaution »

Alain Tourdjman, directeur des études économiques et de la prospective du groupe BPCE, dans Les Échos

Débloquer son PER en retraite progressive

Comme nous le savons, le déblocage standard d’un PER se déroule lors du départ en retraite de son titulaire. Qu’il intervienne à la survenance de l’âge légal, au départ en retraite à taux plein ou plus tôt dans le cas des carrières longues. Pour autant, nombreux sont les Français à oublier qu’il est possible de liquider son PER lors du passage en retraite progressive. Ce dispositif incitatif permet d’effectuer doucement sa transition de l’emploi vers la retraite via le temps partiel, en étant encore rémunéré et en cotisant toujours pour sa retraite.

« Je pense que ce dispositif qui permet de partir à la retraite 2 ans avant l’âge légal va prendre tout son sens avec le report de l’âge pivot […] Mais il n’y a pas que le PER pour préparer sa retraite. On peut imaginer replacer, plutôt que consommer, l’économie d’impôt générée par le PER à l’entrée dans une autre solution d’épargne comme l’assurance-vie, un compte-titre ou en épargne salariale »

Valérie Bentz, responsable du département des études patrimoniales au sein de l’UFF (Union Financière de France), dans Les Échos

Réforme du PER : 4 évolutions envisagées

Dans le cadre de la réforme des retraites 2023, plusieurs pistes ont été avancées pour améliorer le PER. Il a ainsi été proposé de désocialiser et défiscaliser les déblocages du PER pour la prise en charge d’une personne âgée dépendante ou son maintien à domicile. Une suggestion discutable sur son aspect collectif, à en juger les prélèvements sociaux ponctionnés sur le PER. Ils servent, en effet, au financement de la Sécurité sociale.

En outre, il a également été ajouté au projet de réformes des retraites 2023, 2 nouveaux paragraphes invitant à la création :

  • d’un taux unique d’imposition pour les versements volontaires ;
  • d’un abondement de 100 € pour les jeunes ouvrant un PER.

Ces 2 derniers amendements ont été directement retoqués par l’Assemblée nationale.

2 nouvelles possibilités de déblocage anticipé ?

Lors de l’examen du projet de réforme des retraites à l’Assemblée nationale, des députés LR (Les Républicains) ont déposé un amendement visant à lutter contre la précarisation des seniors. Cette proposition concernait justement le PER et l’ajout de deux nouvelles possibilités de déblocage anticipé : la perte d’emploi à partir de 60 ans et la perte de revenus à partir de 60 ans consécutive à la migration vers un emploi mi-temps ou liée à l’entrée en préretraite.

Aujourd’hui, attendre le terme de ses droits chômage pour débloquer son PER ne suffit pas toujours. Nombre de seniors sont appauvris par la faiblesse de leur allocation chômage et ne parviennent pas à garder la tête hors de l’eau face au coût de la vie. Un état de fait qui ne devrait pas s’améliorer avec un potentiel report de l’âge légal de retraite à 64 ans.

Il est à noter que faute de temps suffisant, les parlementaires n’ont pu débattre sur cet amendement LR. Il n’en est pas pour autant écarté et repose désormais entre les mains des sénateurs.

En résumé

  • Le décalage à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite va avoir des conséquences sur le PER ;
  • Avec la réforme des retraites 2023, les titulaires de PER profiteront de 2 années supplémentaires pour réaliser des versements sur leur contrat et profiter de son cadre fiscal attractif ;
  • Aujourd’hui majoritairement souscrit par des cadres et cadres supérieurs, le PER pourrait se démocratiser avec le report de l’âge pivot de retraite ;
  • Peu de Français y pensent, mais il est possible de combiner retraite progressive et PER ;
  • Avec la réforme des retraites, 4 amendements ont été déposés afin d’améliorer le PER. 2 ont d’ores et déjà été écartés lors de l’examen du texte à l’Assemblée nationale.

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Emilie Gardes

Rédactrice spécialisée en Economie, Finance et Immobilier

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