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Rachat d’actions : les entreprises françaises piquées par le virus américain ?

Publié le 29 Mar 2023

horloge Lecture de 3 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Elodie FUENTES

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Le Président de la République s’est engagé à réguler la part du rachat des actions des entreprises grâce à leurs superprofits lors de sa dernière apparition à la télévision à la mi-mars. Alors que Total Énergie, Axa ou encore LVMH ont battu des records en 2022 sur le rachat de titres à leurs actionnaires et suivent la même tendance en 2023, le Gouvernement fait grise mine, soucieux des conséquences sur l’emploi et la croissance des entreprises françaises. Découvrez les chiffres des rachats d’actions en France qui affolent les compteurs dans l’hexagone.

Quels sont les secteurs en tête du rachat d’actions en 2022 ?

Incontestablement, les entreprises sortant gagnantes de la conjoncture économique de 2022 sont les premières en tête de liste du rachat d’actions. Elles évoluent dans les domaines de l’énergie, du secteur bancaire, mais concerne aussi les entreprises de luxe. Et ce n’est un secret pour personne, Total Énergie monte sur la première marche de ce podium doré en ayant racheté pour 7,4 milliards d’euros d’actions. Une somme faramineuse qui représente en tout et pour tout, 5 % de la capitalisation globale du groupe, cité en exemple par tous les médias s’emparant de la question des superprofits des entreprises françaises en faveur du rachat d’actions. Loin derrière, mais dont les chiffres ne sont pas moins importants, Axa et AcelorMittal ont racheté pour 2,9 et 2,8 milliards d’euros de titres d’actionnaires en 2022. S’en suit la société de luxe LVMH avec un montant dédié au rachat de ses actions s’élevant à 1,6 milliard d’euros en 2022, suivie de Vinci avec 1,1 milliard d’euros. 

Des chiffres record pour le rachat d’actions des entreprises européennes ?

Les milliards défilent à en perdre la vue, mais ils sont d’autant plus impressionnants quand on les confronte aux bilans des rachats d’actions d’entreprises sur les années précédentes. En 2022, le volume du rachat des titres s’élevait à 27,2 milliards d’euros en France, contre 9,3 milliards 5 ans auparavant. Si on élargit ces données au niveau européen, la part du rachat des actions des entreprises en Europe en 2022 a doublé rien qu’entre l’année 2021 et 2022. 

Qu’annonce la tendance du rachat des titres d’actions en 2023 ?

L’ascension de la part des superprofits réservés au rachat des titres des actionnaires d’entreprise n’est pas prête de flancher pour cette nouvelle année. Total Énergie garde sa place en tête de liste, avec des prévisions de rachat d’actions au premier trimestre 2023 à hauteur de 2 milliards d’euros. Du côté des établissements bancaires, BNP Paribas compte reverser 5 milliards à ses actionnaires, suite à la vente de la Bank of the West, sa filiale américaine. Quant au géant LVMH, ce ne sont pas moins de 6 milliards d’euros qui vont être reversés à ses actionnaires sous forme de dividende cette année, 1,5 milliard en rachat d’actions et « seulement » 400 millions d’euros à redistribuer à ses travailleurs salariés. L’année 2023 s’annonce d’ores et déjà comme un grand cru pour les actionnaires en France, puisque le CAC 40 annonçait début mars la somme de 15 milliards d’euros destinés aux rachats d’actions et aux dividendes d’entreprises. 

Le chiffre clé

9,3 milliards d’euros

En 2017 consacrés au rachat de leurs actions par les entreprises

Le chiffre clé

27,2 milliards d’euros

En 2022 consacrés au rachat de leurs actions par les entreprises

À quoi sert le rachat d’actions des grands groupes ?

Pourquoi les grandes entreprises françaises et américaines rachètent-elles leurs propres actions plutôt que de les redistribuer en dividendes ? Cette stratégie financière est avant tout destinée à améliorer les indicateurs boursiers des entreprises. Quand une entreprise rachète ses propres actions, elle participe à faire monter leur valeur et à raréfier les titres. Destinée également à satisfaire l’appétit des actionnaires, le rachat de leurs titres n’est pas sans conséquence économique puisque cette pratique limite les montants investis au service des actions destinées à l’évolution de l’entreprise. Limitant la croissance des sociétés gourmandes en rachat d’actions, c’est une des grandes raisons qui poussent le Gouvernement à réagir en anticipant l’impact que cela pourrait avoir sur l’emploi

Pourquoi le rachat d’action des entreprises anime le débat ?

Quant aux États-Unis, le rachat d’actions des entreprises est monnaie courante, en Europe, cette pratique a littéralement explosé en 2022. Si les entreprises françaises ont transposé cette stratégie de rémunération des actionnaires sur le modèle américain, elle ne manque pas d’attiser les débats. 

Le sujet s’est d’ailleurs invité lors de l’interview d’Emmanuel Macron suite au passage du texte de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. Le président français indique vouloir attribuer une « contribution exceptionnelle » aux entreprises générant des superprofits, jusque-là réutilisés pour le rachat d’actions. Cette volonté gouvernementale d’agir pour freiner les ardeurs des entreprises n’est pas totalement innovante, puisque de l’autre côté de l’Atlantique, Joe Biden désire renforcer la fiscalité des rachats d’actions des entreprises américaines de 1 % à 4 %. À l’heure où la France s’embrase, portée par la colère brûlante des travailleurs concernant la réforme des retraites, le gavage des actionnaires au détriment de l’amélioration des rémunérations salariales à du mal à passer. Une chose est sûre, culturellement tourné vers la redistribution des profits en dividendes, ce changement de cap en faveur des actionnaires ne passe pas inaperçu en France. 

En résumé

  • Les grands groupes français à la tête des secteurs de l’énergie, de la finance ou encore du luxe ont consacré leurs superprofits aux rachats d’actions en 2022 ;
  • En 2022, les chiffres concernant le rachat des titres des actionnaires par les entreprises explosent pour atteindre 27,2 milliards d’euros ;
  • L’année 2023 annonce suivre la même tendance pour le rachat des actions d’entreprises, poussant le Gouvernement à réagir ;
  • En réinjectant leurs profits dans l’acquisition de leurs propres actions, les entreprises font monter leur valeur en bourse, mais limitent leur croissance ;
  • Aux Etats-Unis, Joe Biden compte augmenter la part fiscale sur le rachat des actions des entreprises de 1 % à 4 %.

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Elodie FUENTES

Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine

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