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La parité financière homme-femme progresse-t-elle vraiment dans les couples ?

Publié le 12 Nov 2025

horloge Lecture de 5 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Maëva FLORICOURT

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L’égalité dans le couple s’affiche volontiers dans les discours, beaucoup moins dans les chiffres. Derrière les projets communs, achat immobilier, compte joint, investissements, les trajectoires financières des femmes restent souvent moins favorables que celles de leurs conjoints, avec à la clé un patrimoine moindre et une plus grande fragilité en cas de séparation ou de retraite. Pour autant, plusieurs évolutions juridiques et fiscales récentes ont permis de franchir une nouvelle étape vers une plus grande indépendance économique des femmes.

L’essentiel

  • En France, les femmes gagnent encore 22,2 % de moins que les hommes en moyenne.
  • Leur patrimoine reste plus faible : l’écart dépasse 16 % par rapport à celui des hommes.
  • Seules 31 % des femmes détiennent une assurance vie et 10 % un PEA, contre 38 % et 19 % des hommes.
  • Un accompagnement en gestion de patrimoine permet de sécuriser les statuts (SCI, régime matrimonial) et de réduire ces écarts dans le temps.

Un couple, deux trajectoires financières

Pour rappel, pendant longtemps, l’argent du couple a été pensé comme un tout indifférencié. En France, ce n’est qu’en 1965 que les femmes mariées ont obtenu le droit de travailler, d’ouvrir un compte bancaire et de gérer leurs biens sans l’autorisation de leur mari. Soixante ans plus tard, cette conquête juridique n’a pas encore produit une égalité économique réelle.

D’ailleurs, pour preuve, la récente étude de Bpifrance Le Lab et La France Mutualiste montre que l’indépendance financière des femmes est loin d’être considérée comme acquise : seules 34 % des femmes estiment qu’elle l’est en France. Les inégalités de salaires, de temps de travail, d’accès au patrimoine et à l’investissement continuent de s’accumuler au fil de la vie, souvent de manière invisible dans le quotidien du couple, mais très visible au moment de la retraite ou d’une séparation.

Des écarts de revenus qui se répercutent sur tout le patrimoine

Les écarts de revenus restent le point de départ de la plupart des déséquilibres. À temps de travail égal, l’écart de rémunération entre hommes et femmes s’est réduit en trente ans, mais reste significatif. Et si l’on intègre le temps partiel, l’écart global de salaire atteint plus de 20 %. Ces différences de revenus se traduisent ensuite en écarts de patrimoine. À la fin des années 1990, le patrimoine des femmes était inférieur d’environ 9 % à celui des hommes. Près de vingt ans plus tard, l’écart s’est creusé pour dépasser 16 %

Les conséquences de ces différences ne sont pas anodines et elles le sont particulièrement au moment de la retraite. Les femmes perçoivent, en moyenne, des pensions directes inférieures d’un peu plus d’un tiers à celles des hommes. Même en incluant les pensions de réversion, l’écart reste d’environ 23 %. Autrement dit, la moindre rémunération tout au long de la carrière se paye deux fois : pendant la vie active, puis à la retraite.

22,2 %

écart de salaire moyen en défaveur des femmes par rapport aux hommes selon les données 2023 de l’Insee 

14 %

écart de salaire à temps de travail égal en défaveur des femmes selon les données 2023 de l’Insee 

4 %

écart de salaire à poste et temps de travail équivalents en défaveur des femmes selon les données 2023 de l’Insee 

L’argent dans le couple : du tabou aux rapports de force

Les chiffres ne disent pas tout. Ils se doublent d’un rapport à l’argent souvent asymétrique dans le couple. Par tradition ou par éducation, de nombreuses femmes continuent à se tenir à distance des questions financières, tandis que leur conjoint gère les comptes, les investissements ou les montages patrimoniaux.

Depuis septembre 2025, un changement majeur est intervenu : un taux individualisé de prélèvement à la source est désormais calculé par défaut pour chaque membre du couple, marié ou pacsé. Chacun voit donc sur sa feuille de paie ou sa pension un taux qui reflète ses propres revenus et non ceux du foyer dans son ensemble, sauf demande contraire explicite du couple. Ce changement technique a un impact très concret sur l’autonomie financière des conjoints les moins rémunérés. Il permet notamment à chacun de mieux lisser ses revenus disponibles et de construire sa propre épargne.

Mais, les déséquilibres ne se limitent pas à la fiscalité. Ils apparaissent aussi dans la manière dont les couples structurent leurs projets immobiliers. Le témoignage de Justine, relaté par Les Echos, en est une parfaite illustration : avec son compagnon, elle crée une SCI pour acheter leur résidence principale, dont il détient 70 % des parts contre 30 % pour elle. Lors de la séparation, cette position minoritaire la prive de tout levier : elle ne peut ni imposer la vente, ni obtenir le rachat de ses parts, tandis que son ex-compagnon cesse de payer sa part de crédit et bloque les décisions, entraînant la SCI dans une procédure bancaire puis judiciaire lourde, jusqu’à la vente contrainte du bien.

Ce cas extrême montre à quel point des montages patrimoniaux parfaitement légaux (SCI, crédit immobilier, répartition des parts) peuvent, en cas de conflit, devenir de véritables instruments de pression lorsque les statuts ne protègent pas chaque associé. D’où la nécessité, pour les femmes en particulier, de bâtir une stratégie patrimoniale sur mesure qui sécurise leurs droits, même si le couple se défait.

Indépendance financière des femmes : quelles pistes concrètes ?

Face à ces constats, la question n’est plus de savoir si les inégalités existent, mais comment les réduire concrètement. La réponse ne relève pas uniquement de la loi. Elle se joue aussi dans l’organisation financière du couple, la façon de se projeter à long terme et la capacité des femmes à se saisir des outils d’investissement et de transmission.

  • Premier enjeu : rendre visibles les contributions de chacun. Proportionner les charges aux revenus peut paraître logique, mais ne doit pas empêcher la personne la moins rémunérée de constituer sa propre épargne ni la condamner à dépendre du patrimoine de l’autre. Mettre en place une épargne personnelle pour chaque membre du couple, partager réellement les décisions sur les projets structurants (immobilier, placements, SCI), tracer les apports et remboursements ou encore opter pour un taux de prélèvement à la source individualisé sont autant de moyens de rééquilibrer la relation financière.
  • Deuxième levier : oser investir pour combler le retard patrimonial. Les femmes restent moins présentes sur les supports clés, avec environ 31 % de détentrices d’assurance vie, contre 38 % d’hommes et 10 % de détentrices de PEA, contre 19 % d’hommes. Sur les marchés boursiers, elles ne représentent plus qu’environ un quart des 1,7 million d’investisseurs individuels actifs, contre près de 30 % deux ans plus tôt.

Ces écarts reflètent moins un désintérêt qu’un manque de confiance et un environnement peu incitatif, alors même que les femmes qui investissent adoptent souvent une approche plus responsable, en intégrant davantage les critères ESG (Environnemental, Social et Gouvernance). Un accompagnement personnalisé peut alors les aider à construire une stratégie d’investissement adaptée à leur profil de risque, à leurs objectifs et à la réalité financière du couple.

Parité financière : pourquoi se faire accompagner change la donne

La parité financière dans le couple est un enjeu très concret de protection, de liberté de choix et, in fine, de sérénité. Or, les dispositifs qui structurent une vie patrimoniale (fiscalité, contrats, statuts, clauses, choix de supports d’investissement) sont de plus en plus techniques.

Les évolutions récentes, à l’instar de la généralisation du taux individualisé de prélèvement à la source, vont clairement dans le sens d’une plus grande autonomie de chaque conjoint. Mais pour qu’elles produisent pleinement leurs effets, elles doivent être intégrées dans une réflexion globale : répartition des charges, construction d’une épargne personnelle, rédaction des statuts de SCI, choix du régime matrimonial, organisation de la transmission.

Un conseiller en gestion de patrimoine peut jouer un rôle clé à plusieurs niveaux. D’abord en objectivant la situation : qui apporte quoi, qui supporte quels risques, qui détient quels actifs ? Ensuite, en simulant différents scénarios de vie, continuité du couple, séparation, décès, arrivée d’un nouvel enfant, afin de vérifier que chacun reste protégé. Enfin, en proposant des solutions concrètes : aménagement de clauses statutaires, choix de supports d’investissement adaptés, mise en place de contrats permettant de sécuriser les revenus futurs. La parité financière dans le couple peut ainsi progresser rapidement dès lors que les femmes sont reconnues, et se reconnaissent elles-mêmes, comme actrices centrales de la stratégie patrimoniale familiale.

Nos sources

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Maëva FLORICOURT

RÉDACTRICE WEB, SPÉCIALISÉE EN ÉCONOMIE, FINANCE ET GESTION DE PATRIMOINE

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