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Pourquoi la retraite en Allemagne plonge-t-elle 19 % des retraités dans la pauvreté ?

Publié le 17 Avr 2023

horloge Lecture de 4 min.

Rédigé par Elodie Fuentes

Thématique : Actualités

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La rente Riester n’a plus la côte en Outre-Rhin et pour cause ! Avec un système de retraite Allemand basé sur la capitalisation et la répartition, les plus de 65 ans ne parviennent plus à survivre au coût de la vie, selon une étude d’Eurostat. Le Gouvernement allemand planche sur une refonte de son système des retraites, inspiré par le modèle suédois.
Découvrez pourquoi la machine des retraites allemandes s’enraye et comment l’État prévoit d’huiler le mécanisme défaillant des produits de capitalisation.

Comment fonctionne le système de retraite allemand ?

Notre voisine l’Allemagne, qui concentre à la fois la plus dense démographie européenne, doublée de la plus grosse puissance du continent, ne remporte pas pour autant la palme d’or du meilleur système de retraites en place à ce jour. Quand le Gouvernement Français bouscule le pays avec sa réforme des retraites 2023, regarder si l’herbe est plus verte ailleurs est un réflexe instinctif. Dans le cas de la retraite Allemande, cela pourrait presque redonner du baume au cœur au sein de l’hexagone. 

Concernant l’âge de départ à la retraite en Allemagne celui-ci avait été prolongé progressivement par l’ancienne chancelière Angela Merkel en 2007, pour atteindre les 67 ans en 2029, contre 65 ans à ce jour. Or, contrairement au départ à la retraite en France, les Allemands ont le choix de partir plus tôt. Les salariés peuvent ainsi partir à 63 ans, dès lors qu’ils ont réuni leurs 35 années de cotisation, en contrepartie d’une baisse des pensions, équivalente à une décote de 14 %.

Fondé sur un modèle de cogestion, le modèle de retraite Allemand se base donc sur un système de répartition d’une part et de capitalisation d’autre part. Le modèle est unique, que les salariés exercent dans le public ou dans le privé, le système des retraites allemand est le même pour tous. Le régime obligatoire de la Deutsche Rentenversicherung permet aux salariés de cotiser 20 % de leurs revenus et de générer 35 % à 48 % de leur salaire net à la retraite. Bien insuffisantes pour vivre, ces pensions retraites, provenant du système de répartition allemand, peuvent être rehaussées grâce aux cotisations complémentaires facultatives. 

Les pensions de retraites complémentaires en Allemagne, connues sous le dénominatif de rente Riester, ont été mises en place en 2002, en période de pleine expansion des marchés financiers. Par le biais d’incitations fiscales (possibilité de déduire jusqu’à 2 100 € par an de charge fiscale), doublées d’une aide annuelle individuelle de 175 € par adulte et de 300 € par enfant, l’État allemand encourage les travailleurs à anticiper leur retraite de base et motive leur engagement dans des contrats d’épargne privés.

Le chiffre clé

20 %

La part des cotisations retraite des Allemands prélevée sur leurs revenus.

Le chiffre clé

35 % à 48 %

Le montant des pensions obtenues à la retraite sur la base de leurs salaires.

Quel est le bilan des retraités allemands sur 20 ans ?

En plaçant en moyenne 4 % de leur salaire brut par an dans des compléments d’épargne-retraite privés, les Allemands démontrent leur volonté de se constituer un patrimoine financier. Or, ces 10 dernières années, les salariés semblent bouder les placements d’épargne. Et ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur depuis 2 ans, avec une baisse du nombre de contrats de plan d’épargne évaluée à – 60 %. Résultat des courses, l’État allemand ne subventionne plus que 15 produits d’épargne-retraite, contre 80 il y a encore 20 ans.

Si le système de retraite Outre-Rhin s’invite régulièrement dans les plaidoiries politiques favorables à la réforme des retraites en France, il ne fanfaronne pas du côté des chiffres, exposant au grand jour le niveau de vie particulièrement bas de ses retraités. Le rapport annuel de 2021 d’Eurostat, mettant à jour le « taux de risque de pauvreté des retraités en Europe » était déjà affligeant. 19,4 % des retraités allemands vivraient sous le seuil de pauvreté. Parmi les plus touchés, 11 % des allemands de la tranche d’âge comprise entre 65 et 74 ans se voient dans l’obligation de continuer une activité professionnelle pour tenter de sortir de la précarité dans laquelle ils se trouvent.

Malgré l’effort d’épargne engagé durant des années par les salariés allemands, le rendement de leur épargne-retraite ne dépasserait pas les 2 %. Cet état des lieux s’explique, en partie, par l’augmentation des frais appliqués par les assureurs, à hauteur de 20 à 30 % par contrat. Ces pratiques controversées font réagir de nombreux épargnants, n’hésitant plus à solliciter l’aide de la justice pour obtenir gain de cause. 

Que prévoit le Gouvernement Allemand pour réformer la retraite ?

Face à la colère des Allemands et devant le caractère complexe de la rente Riester, les députés tentent des propositions pour redorer le système des retraites du pays. Car chez nos voisins européens, ce n’est pas l’âge de départ à la retraite qui anime le plus les débats, mais bel et bien le niveau de vie des retraités en chute libre. Les avantages fiscaux induits par la capitalisation privée des épargnants allemands favorisent les classes les plus aisées, en capacité d’injecter un maximum d’argent dans les rentes Riester. Or, les carrières hachées des femmes et les petits revenus demeurent une problématique sociale transfrontalière, fortement impactante pour la retraite des salariés les moins bien lotis.

Si les avis divergent quant à la réforme des retraites allemande, entre le stoïcisme de son fondateur et la pugnacité des députés verts, le Gouvernement planche tout de même sur les améliorations du système. Visant les 4,3 % de rendement annuel, l’État allemand veut booster le capital retraite de ses concitoyens. Le ministre des Finances, Christian Lindner, propose de mettre en place un fonds générationnel, sur le principe de la capitalisation. 10 milliards d’euros puisés dans les caisses de la dette publique, puis redivisés dans des placements d’actions, devraient aider à lancer la machine.

Les Français ne sont pas les seuls à regarder par dessus leur épaule, les allemands s’appuient sur le modèle de retraite suédois pour établir cette nouvelle stratégie gérée par l’État. Instauré en 1990, le système de retraite de la Suède, a fait peau neuve à l’époque pour motiver les salariés à repousser leur âge de départ. Exit le régime par répartition avec un nombre d’annuités à la clé, les suédois sont depuis soumis à un régime mixte, à base de répartition gérée par l’État (2/3 des montants des pensions) et de capitalisation.

Reste à démontrer si la valeur énoncée sera réellement applicable dans les faits, une fois le prélèvement du service de la dette effectué sur le rendement attendu, comme l’énonce l’économiste Allemand Fabian Mushövel.

En résumé

  • L’âge de départ à la retraite en Allemagne est de 65 ans, mais les salariés peuvent partir plus tôt dès lors qu’ils ont atteint leur 35 ans de cotisations (pour un départ à 63 ans) ;
  • En 2029, l’âge de départ à la retraite en Allemagne est repoussé à 67 ans pour pallier aux conséquences de sa population vieillissante ;
  • Le modèle de répartition actuel ne permet pas aux Allemands de bénéficier de revenus à la retraites supérieurs à 48 % de leurs salaires, obligeant 11 % des plus de 65 ans à exercer une activité professionnelle à la retraite ;
  • Le ministre des Finances Allemand souhaite réformer le système des retraites de son pays sur le modèle Suédois, basé sur la participation de l’État pour faire grandir le système de capitalisation des retraites.

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Elodie Fuentes

Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine

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